Préface

On m’a demandé d’écrire quelques mots sur le roman de Bertrand SOLET, En Égypte avec Bonaparte, un classique des livres français pour la jeunesse qui, j’en suis sûr, captivera les lecteurs thaïlandais par ses rebondissements autant qu’il les instruira par son aspect documentaire accompli.

 

Deux plans s’y combinent subtilement au fil des épisodes, celui de l’histoire bien réelle et celui d’une aventure individuelle transfigurée par la fiction : d’abord la campagne d’Égypte (1798-1799) menée par le général Bonaparte à la tête de 10.000 marins et de 35.000 soldats français, puis l’aventure du jeune François Laplume, embarqué malgré lui avec Bonaparte pour le pays des pharaons, comme secrétaire particulier d’un archéologue aussi savant que distrait : Hippolyte Dutilleul.

 

Observateur attentif au moindre détail, Bertrand SOLET dévoile au lecteur par personnages interposés le double aspect de la campagne d’Égypte : guerre de conquête sanglante, meurtrière, cruelle, cynique, qui, au nom des grands principe de la Révolution française, et sous prétexte de libérer l’Égypte du joug des Mamelouks, n’a pour fin que d’asservir le pays et de prendre de court les Anglais ; mais aussi campagne ou expédition « scientifique », orchestrée par Bonaparte lui-même, et qui emmène sur le navire amiral L’Orient des savants français de toutes les spécialités – architectes, archéologues, géographes, mathématiciens, imprimeurs, ingénieurs – pour ressusciter du désert le sphinx et les pyramides de Gizeh, l’obélisque de Louxor (qui veille aujourd’hui encore sur la place de la Concorde à Paris), les hiéroglyphes indéchiffrables et toutes les divinités de la vallée du Nil.

 

C’est de l’histoire, certes, mais racontée comme un roman, avec des personnages qui, sans véritable profondeur psychologique, n’en demeurent pas moins attachants par leur humour et leur humanité, et avec une intrigue captivante qui ne lasse jamais le lecteur mais le transporte, de rebondissement en coup de théâtre, d’un bout à l’autre du récit.

 

Tous les ingrédients du roman d’aventures sont là, en effet: chasse au trésor pour retrouver les diamants bleus et jaunes de la reine égyptienne Nitaqrit, cachés dans une niche de son tombeau ; enlèvements ; manœuvres de traîtres sournois et sans scrupules ; amours romanesques de François Laplume et de la charmante Française Delphine dans les  rues poussiéreuses du Caire assoupi sous la fournaise ; baisers tendres ; embuscades tendues par des Bédouins invisibles ; enlèvements ; nuits dans le désert sous la lune dorée ; exotisme des pyramides de Gizeh…

 

Et, rayonnant déjà comme le futur Empereur des Français, incarnation de la Volonté toute-puissante : le général Bonaparte, rêvant de conquérir l’Égypte et de bâtir un empire plus loin, jusqu’à la Turquie et jusqu’aux Indes.

 

Je remercie Pranee SIRICHATRAPAN – auteur d’une traduction remarquable autant que difficile – et les Editions Khao Fang à Bangkok, d’avoir donné aux jeunes Thaïlandais d’aujourd’hui l’occasion rare de lire dans leur langue maternelle ce récit captivant qui campe, en même temps que l’une des grandes figures de l’histoire occidentale moderne, ces êtres pas seulement de papier mais aussi de chair et de sang qui font également partie de l’Histoire.

 

                                                                                               Michel Wattremez

 

Bertrand Solet, En Egypte avec Bonaparte, traduit en thaï par Pranee Sirichatrapan, Bangkok, Khao Fang Publishing Co. Ltd, 2001. 

Préface de Michel Wattremez. Illustrations d'Yves Beaujard.

(c) Hachette Livre, 1988, pour la version française

(c) Yves Beaujard, 1988, pour les illstrations

(c) Khao Fang Publishing Co., Ltd., 2001, pour la version thaïlandaise

ISBN 974-7406-18-7 - Prix 120 THB

Couverture en langue siamoise

 

 

L'auteur


Bertrand SOLET (de son vrai nom Soletchnik) est né à Paris en 1933. Après avoir étudié le cinéma et suivi les cours de l’École des Arts et Métiers, il devient chef du service de documentation d’une importante société commerciale, et consacre ses loisirs à écrire des histoires pour ses enfants puis pour ceux des autres. On lui doit des romans historiques (Les révoltés de la Saint-Domingue, 1980, En Égypte avec Bonaparte, 1988, Compagnons de Mandrin, 1990), des contes traditionnels des provinces de France, et, tout récemment, une vie romancée de Vercingétorix, le célèbre chef gaulois (Vercingétorix, Pocket, 2001).

 

La traductrice

 

Pranee Sirichatrapan est professeur de langue et de littérature françaises à l'Université Chulalongkorn, Faculté des Lettres. 

Docteur de l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle, elle consacre son temps à l'enseignement du français et s'intéresse particulièrement à l'histoire de France.

 

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