Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, traduit en thaï par Daranee Muangma, Khao Fang Publishing Co. Ltd, 2002. Préface de Michel Wattremez. (c) Khao Fang Publishing Co., Ltd., 2002, pour la version thaïlandaise iSBN 974-7406-35-7. 160 THB. Voir la couverture de présentation en langue thaïlandaise.
Préface
En Thaïlande comme partout dans le monde, on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo (1802-1885), un artiste français de génie qui a traversé son siècle en illustrant presque tous les genres littéraires: roman, poésie lyrique, drame, pamphlet politique...
Quelle excellente inspiration des Editions Khao Fang à Bangkok que de lui consacrer en langue siamoise une série de trois ouvrages! Le premier qu'on va lire est le célèbre roman Notre-Dame de Paris, la cathédrale dédiée à la Vierge Marie, bâtie de 1163 à 1345 en plein coeur de la cité par les maçons et tous les corps de métier unis dans la construction d'un monument de la foi chrétienne, et qui est aussi un reflet de la vie sociale de cette ère que les humanistes européens de la Renaissance ont appelée Moyen Age.
Victor Hugo fait de cette cathédrale un lieu vivant, une "vaste symphonie de pierre" et une figure de la fatalité.
Poésie, destin, drame.
Trois destins s'y croisent de la vie à la mort, dans un chassé-croisé où s'affrontent continuellement le mal et le bien: celui de la belle danseuse Esmeralda, celui de l'horrible bossu Quasimodo - le carillonneur de la cathédrale -, celui de Frollo l'archidiacre; jaloux de Phoebus, le capitaine des archers du roi, ce prêtre maléfique va tenter d'assassiner son rival et, dépité de ne pouvoir la posséder, fera condamner l'Egytienne à la pendaison.
Dans l'ampleur extraordinaire d'un récit foisonnant de personnages et plein de rebondissements, Victor Hugo intéressera - j'en suis sûr - les lecteurs de Thaïlande jeunes et moins jeunes aux réalités passionnantes d'une époque de l'histoire que les Romantiques européens du XIXe siècle ont exaltée et parée de grotesque et de sublime.
En effet, même s'il ne prétend pas au réalisme de la science historique, Hugo s'est abondamment documenté sur l'époque où se situe l'action de Notre-Dame de Paris, en 1482-1483, à la fin du règne de Louis XI: il a rendu, avec vraisemblance et précision des détails, la couleur locale, les costumes, les traditions, le langage des Français de l'époque.
Mais ce tableau est vivant et tient plus du drame que de la peinture. L'entrelacement des scènes donne au récit le rythme palpitant des meilleurs films, les chutes des chapitres entraînent le lecteur toujours plus loin et font rebondir sans cesse son intérêt, l'étonnent, le surprennent. Hugo excelle aussi à rendre le mouvement des foules où se jouent les destins individuels de ses personnages: quel spectacle offert au début du roman par ces Parisiens amassés sur le parvis de la cathédrale, ébahis devant la représentation du mystère chrétien sur la place du Palais! Quel tableau sombre et inquiétant que celui de la Cour des miracles où évoluent sinistrement les mendiants des bas-fonds de la cité! Et quel mouvement épique dans l'assaut final que donne le peuple de Paris à Notre-Dame pour délivrer Esmeralda!
Au-delà de l'attirail rhétorique, des antithèses et de l'hyperbole propres à l'époque romantique de Victor Hugo, j'espère que les lecteurs thaïlandais seront sensibles, en lisant ce roman traduit d'une autre langue, au génie de l'écrivain français et à sa vision profondément chaleureuse, optimiste et généreuse de l'humanité. On trouve déjà ici les thèmes hugoliens de la défense des grands principes démocratiques, et, dans l'aventure d'Esmeralda torturée et lâchée aux griffes de l'Inquisition, une critique sans concession de la torture et de l'iniquité de la justice; surtout la conviction profonde de Victor Hugo, à travers la passion de Quasimodo pour Esmeralda, que la beauté se cache sous la laideur, que l'amour peut tout sauver, tout rendre beau, tout pardonner, et, à travers la recherche désespérée de sa mère par la jeune danseuse à la chèvre, qu'il n'est pas de salut sans reconnaissance et respect.
Au risque de me tromper, c'est ici - me semble-t-il - que Victor Hugo résonne le mieux avec la culture thaïlandaise.
Puisse Notre-Dame de Paris, traduit magistralement par Daranee MUANGMA, professeur à l'université de Chiang Mai, accompagner très loin les lecteurs thaïlandais et leur faire reconnaître, dans les différences qui nous séparent, les signes d'une unité d'esprit profonde. Michel Wattremez 28 février 2002
L'auteur
On ne présente plus Victor HUGO (1802-1885), figure de proue de la littérature française, qui a illustré presque tous les genres, de la poésie au roman, en passant par le drame, le discours politique, la correspondance intime et la chanson. Né à Besançon en 1802, Hugo traverse le XIXe siècle et s'impose non seulement comme écrivain, mais aussi comme un tribun et comme une conscience critique de son temps. Incontournable, inspirée, visionnaire, son oeuvre monumentale nous interpelle encore aujourd'hui. De Victor HUGO les Editions Khao Fang ont publié Notre-Dame de Paris, Les Misérables et Les Travailleurs de la mer. En 2002 a paru également sa biographie en langue siamoise. Le bicentenaire de Victor HUGO a été célébré en 2002 en Thaïlande comme dans le monde entier. On se reportera utilement au site officiel du bicentenaire. La traductrice
Daranee MUANGMA est professeur à l'université de Chiang Mai (Faculté des lettres) et docteur de l'Université française. Elle consacre la plupart de son temps à la promotion du français général et spécialisé, et à la traduction littéraire du français vers le thaïlandais. On lui doit notamment, en version siamoise, Les Contes Rouges du Chat Perché et Le Passe-muraille de Marcel AYME, les Contes philosophiques de VOLTAIRE et Les huit coups de l'horloge de Maurice LEBLANC. Daranee MUANGMA adapte également en thaïlandais, pour les jeunes de son pays, des ouvrages français de fiction.
|